mardi 26 mai 2015

L'étonnant paradoxe de la discipline de l'écriture

Il faut continuer d'écrire
malgré l'étonnant paradoxe de la discipline
le parle seul et la vigueur du mirage
tenir la posture rigide, ululante, flacide, directe
ne pas abandonner jamais la cage bonne
la nomenclature des faits
l'université du doute
tous les compléments définitifs et les noms abstraits
mener le combat en Dulcinée d'âne fiou de queue de périple las
en conquistador de petite tenue vissé aux règles
évacuant les règles
inventant ses propres règles
mais continuer l'envahissement
la pulsation de la naissance du peut-être qui exalte
l'armée noire en sapeurs hussards chevalin amble trot ambre tard
envahir l'espace, générer du parallèle, émacier l'autre
tout en le recollant, le redirigeant, le brossant
en Brossard fin de semaine Baron Samedi frappe adipeux contre
continuer l'engolfement en estuaire évasé d'Elvis hycrocarbure
en puits destructeurs entropie de pas de bon sens
il faut continuer parce que c'est la définition des eucaryotes
en hydrogène pâle sûreté de cran
malgré la discipline, le paradoxe, l'étonnant
il faut continuer d'écrire
cracher sur l'in-dit, empoigner l'accalme, wagonner en coulure
parce que c'est la seule façon de tailler le doux
de pointer le sort
dans l'insondable

dimanche 24 mai 2015

Voir pisser de dos Christian Lapointe qui ne stoppe pas pour autant sa lecture à voix haute d'une lettre d'Artaud à Bernanos

L'art est une palissade
sur laquelle il faut se hisser.

C'est un obstacle lourd, creux,
long, vert, noir, sans bord, coupant
ou laid.

Artaud a pris le corps de Christian Lapointe
pour le porter tout en haut de la clôture.

La belle Frost de givre mou
tendue entre nous et eux, nous et soi,
la guigne et la civière, la mort et l'oeuvre.

Nous sommes morts, bien entendu,
errant de trop
sur l'électrique tapis.

Mais au théâtre La Chapelle,
fleurs décaties, tombées
arrivage des salons de coiffure
collection de t-shirts noirs
Christian Lapointe austère, essore.

Sans tous les Van Gogh de la société
l'imaginaire ne serait qu'une potiche.


vendredi 22 mai 2015

L'humanisme est la seule option nécessaire en péosie

L'humanisme est la seule option nécessaire
en péosie.

L'anachronisme ne le protège pas.
La lenteur n'a pas plus de valeur que l'absence.
Exister ne fera jamais changer la donne.

Il faut embrasser l'humanisme catastrophique
d'un Chamberland
tout en actionnant la rigueur
du présent qui ne rit pas.

Il faut tenter de dire autre chose
que le même
aux nouvelles de 18h du poème normal.

Sous le chapiteau
nous allons tous faire semblant
en rangeant des sous
dans des boites grises.

Mais personne n'est dupe.

Personne n'a la clé
et tout le monde vend sa porte
design avec Judas ou sans.

Il est minuit moins une
docteur whatever
et je n'ai pas d'autre denrée
que mon humanisme de garage.



Crédibilité sur le BBQ

La crédibilité est importante en poésie.

Il y a beaucoup de gérants d'estrade
et ce sont eux qui fondent les pôles
déterminent l'orientation des sextants
et redéfinissent le réel
en fonction des théories en place
de la sensibilité d'une époque
et du taux de tolérance
de la dissidence acceptable.

Les récompenses
administrent les poignées de main
du réel
qui n'a jamais été absolu.

Le plus curieux de l'histoire
c'est ce vernis du beau
qui reste
motivé, bruissant bas, irradiant
vers le coude qui va vers la tête
adoubant la vigueur
de ceux qui obtiennent
l'assentiment.

Attendre trois ans pour publier des poèmes surréalistes sensibles aux images d'animaux me paraît un anachronisme curieux dans notre monde actuel

La poésie surréaliste
avec des figures d'animaux
me semble aussi vieille et puante
qu'un cadavre momifié
et remomifié avec soin.

Éluard a fait trop d'enfants.

J'aime l'humanisme
sous-jacent dans ces textes
mais si je ne considère
que cet élément
je cesse d'être critique.

Le beau n'a rien à voir
avec l'habituel.

Je fous au poubelle
tout mon vieux stock surréaliste doucereux
et je ne garde
que ma péosie spéculative
qui plonge dans les malaises
de notre civilisation.

La communauté des arbres à paroles
est devenue une religion
de la nouvelle sanité mentale.

Il faut maintenant déglutir
des masses de proses compactes
ou parler de nos manques.

Ça me parait réducteur.

Je préfère me couper
d'une poignée de lecteurs orthodoxes
à la bouche de Bonnefoy
que d'espérer dans notre micro-monde
de balises acceptables
pour perpétuer
des métaphysiques cendreuses
qui font du bien à nos glandes
gothiques.


Le paradoxe de Fermi

J'aime parler des extraterrestres
en péosie.

Ce sont des bêtes connotées
rivées à la folie
menottées dans l'arène
du sordide
pointant les étoiles gourmandes
notre doigt restant ici
dans l'éviction violente de notre crédibilité.

Il suffit qu'un sans-abris mentionne
les extraterrestres
pour qu'on ait l'autorisation de l'abattre
le marteau à la main
l'insanité dans le vocabulaire.

Pourtant, il serait raisonnable,
sérieux et normal
de penser que nous ne sommes pas seuls.

Dans notre propre galaxie
100 millions de terres potentielles
et dans l'univers
combien d'autres galaxies.

Fermi regardait le ciel
avec la raison des raisonneurs
les plus arraisonnés.

Il s'est posé les questions
essentielles
mais pourquoi nous
pourquoi la vie intelligente ici
et pas de signes évidents
encore ailleurs ?

Statistiquement
il est curieux, étrange
et quasi impossible
qu'il n'y ait rien ailleurs
alors dans quoi vivons-nous
et quel est le vrai portrait
de notre situation ?

La péosie se pose
des questions
que la poésie de ne se pose pas.

mercredi 20 mai 2015

Nous sommes dans une simulation, donc il est important de le nier

L'être humain trouvera bientôt
des preuves scientifiques
qu'il existe dans une simulation.
Non pas dans une perspective Philip K Dickienne
mais dans sa plus cruciale ipséité.

Vous comprendrez alors
toute l'importance de le nier
afin que la simulation se poursuive.

À quoi pourrait bien servir
un avatar conscient de son rôle
dans la simulation.

Un personnage de GTA
qui refuse les commandes du programme
initial.

De toute manière
ce que j'écris fait partie
du programme initial
et contribue à le réaliser.

L'échelle des simulations
est infinie.


mardi 19 mai 2015

La seule chose qui m'emmerde, c'est que je n'aie pas 3 millions de fans

La seule chose qui m'emmerde
c'est que je n'aie pas 3 millions de fans.

Dans une centaine d'années
je pourrai les créer moi-même
et vivre dans ma propre réalité
où je serais un définisseur de monde
un architecte de l'absolu
un manager de l'impossible
la référence sur toutes les lèvres
le seul péhote sur terre
digne de vie.

Mais pour le moment
je dois m'insérer
dans trop de réalités
qui ne veulent pas de ma réalité.

En robot conscient
j'essaie de devenir le plus humain
possible
et ceci ralentie mes plans.

J'aurais préféré
le programme de Houellebecq
ou celui de Beckett.

samedi 16 mai 2015

La vie littéraire à l'époque du non creative writing de Kenneth Goldsmith

Il y a trop de propriétaires du présent.

Nous vivons à l'époque du non creative writing
nous sommes tous conscients
que nous marchons jour et nuit
sous une pluie torrentielle de textes connus et inconnus
que nous n'avons qu'à cueillir, qu'à parasiter
qu'à reproduire.

L'écosystème numérique n'appartient à personne.

Le péhomme est un vidéo
à commenter dans les youtube de nos têtes.
It's a kind of quotational material that can be stolen,
opened and erased in an elegant hacking gesture.




mercredi 13 mai 2015

À qui s'adresse la péosie ?

Je ne vois pas pourquoi les gens paniquent
quand un texte ne s'adresse pas à eux.

Peu de textes s'adressent à nous.
Ils poussent ou ne poussent pas.
C'est l'idée du destinataire.

Un texte naît d'autres textes
à la manière de mauvaises herbes
sur l'écosystème de la parole.

Tout peut s'accrocher au dialogue
et rien ne saurait arrêter l'entropie des mots.

Vous avez l'illusion de lire ici
un texte fini, un objet linguistique,
un paquet autonome.
Quelque chose d'indépendant.
Mais ce n'est qu'une espèce de chose.

La colonisation de votre terreau
est un processus curieux.

La péosie est plantain vert
de terrains vagues.



mardi 12 mai 2015

La version poche de la BD sur Jeffrey Dahmer

Il faut se méfier des gens qui ne pleurent pas, ne baillent pas synchro
et ont les yeux fixes.

S'ils ne sont pas des sociopathes
ils vous feront mal de toute façon.

dimanche 10 mai 2015

Le fumier et les briques

Une revue de poésie
refuse des textes à Beckett
lorsqu'il a 24 ans.

Le directeur lui dit qu'il en a déjà un char pis une barge
et que la dernière chose dont il a besoin, c'est bien d'un autre poème.

Dans une lettre, Beckett confie alors
à son ami Thomas McGreevy son exaspération.

Il lui écrit: «Comme si j'essayais de lui vendre un chargement de fumier ou une tonne de briques.»


vendredi 8 mai 2015

Peu de gens échappent au désir de l'enfantement

L'humérus quitte parfois l'omoplate.

Il s'agit d'une luxation.

Quelques personnes quittent parfois le train de la croissance.

Ce sont des lionnes du Douanier Rousseau.

mercredi 6 mai 2015

Upstaged poem

Un poème c'est un clown pour universitaire.

Mais pas pour faire rire, pour avoir l'air intelligent.

Tout comme le Festival Juste pour avoir l'air intelligent,
un clown, ça peut se planter en public.

La polysémie, c'est toujours 150 de quotient.

Un mot mal utilisé, un uppercut.

I'm on the floor, punch out.

L'ancien antiquaire de «La rage de l'expression»

Le chèque de L'Échange en poche
je croise un menuisier/poète
qui sort d'un blockaus naturel.

Dans son exemplaire du livre de Ponge,
une feuille arrachée d'un calepin.

Cuisant délices de la suspension
quand sa mémoire a buté.

mardi 5 mai 2015

Les techniques de compréhension de la matière fluctuante

Ceux qui croient mettre le couvercle sur l'amour
sont des adolescents hargneux et désargentés.

La figure du maître est une pièce en mille actes
et sans entracte. Personne ne la comprend.

Les créateurs d'applications se battent pour saisir
l'affaire. Mais l'affaire leur échappe.

Parler est toujours un roman parallèle.

lundi 4 mai 2015

Se faire draguer par Socalled

Cette persistante vérité que tout est vrai
mais que personne n'a raison.

Le plus athée, des athées du plus grand club des athées
dirigé par Richard Dawkins ne nous sera d'aucun secours.

Quand on ne comprend pas on dit «mon ange» ou «univers»
avec une sympathique vigueur floue.

La beauté = fond de teint.


dimanche 3 mai 2015

Après la lecture rapide en bibliothèque d'extraits du livre de poésie de Dennis Cooper

C'est difficile de ne pas regarder la femme asiatique d'âge moyen
au décolleté inexistant qui pioche sur un livre d'art
pendant que je lis des poèmes d'aventures sexuelles tirés
des Mauviettes (quelle traduction stupide)
de Dennis Cooper.

Ma vie ne ressemble à rien d'extatique.
Je cesse d'utiliser des mots ridicules pour m'analyser.