vendredi 26 juin 2015

Découvrir Carson McCullers après tout le monde et découvrir que tout le monde est après tout le monde de toute manière

Je lis après tout le monde Carson McCullers
après tout le monde
il y a toujours autant de livres qu'il en reste

chaque page de son «Horloge sans aiguilles»
est un assaisonnement parfait
un équilibre de clarté, une bouche ouverte gourmande
vinaigre sucré sur riz collant

je suis témoin d'une autre épiphanie
une pesée de lourdeur
pour une nouvelle amie écrivain
passionnante curieuse sourde et muette
en amour mélancolique du monde
rivé par la mort
à des frustrations défaites

et puis de toute manière
nous sommes tous après tout le monde
débarrassés de notre avant
en chapardeur d'un petit panier
qui nous importe seul





samedi 20 juin 2015

Photographier un écureuil albinos au parc Lafontaine avec un retardateur de 10 sec. sur Instagram

C'est ridicule
le retardateur sur mon appareil photo
est encore actif
et j'ai dans la mire un écureuil albinos
dans une position idéale
en studio, sans taxidermiste
impossible à reproduire
il est là, dans toute sa blancheur irréelle
planté dans le grand érable
tête en bas
en «i» inversé
yeux tournés vers moi
immobile
hésitant entre la fuite
et le refuge
je vise
je suis loin
j'agrandis l'image
je cadre
index sur bouton rouge
le retardateur part
10 secondes
un couple derrière moi
est intrigué par la scène
c'est long dix secondes
quand ton modèle est fébrile
encore cinq secondes
je suis un danseur de buto
perdu au parc Lafontaine
devant un écureuil corps blanc/queue blanche
encore trois secondes
mon ventre gargouille
je me sens épais
encore une seconde
tenir la pose pour rien est une performance sans intérêt
j'attrape l'animal, goût de viande grillée dans la bouche

en dépliant les genoux j'ouvre ses viscères, éteint mon arme
désactive le retardateur
plus de sensation de temps pour le reste de la soirée


mardi 16 juin 2015

Le petit jus clair

C'est tout ce qui reste
le petit jus clair
l'émotion moins intelligente que précise
un peu de mélo sur la tranche à manger
mon ami le poète tient le fort
garde les boeufs dans son enclos à bois
passe le râteau
déplace les pierres

j'ai lu aujourd'hui son petit jus clair
sa débauche d'oeil qui voit
dans le brouillard décent

si la musique de Lennon n'avait pas envahi
le film d'Al Pacino
je ne serais pas en train d'essayer d'écrire
une suite à une scène de leucémie
de me projeter moi aussi à l'extérieur du péhomme
en territoire William Wilson

C'est tout ce qui reste
le petit jus clair
après lecture, tentative d'histoires à bahut
et morosité râpeuse

C'est le petit jus clair
c'est à lui qu'on doit tout
et c'est en le laissant sur le comptoir
entre un plant de basilic décimé
et une bouilloire
qu'on apprend à soigner
l'insolente variété
du peu de chose



Les t-shirts de Mathieu Arsenault sont devenus une nouvelle figure de style pop

Mode d'emploi
Louis Ferdinand Céline Dion
Dominique Michel Tremblay
Jean-Simon Clémence Desrochers
Mireille Mathieu Arsenault
Laure Conan Le Barbare
Geneviève Suzann Pettersen
Marie-Hélène Jean-Claude Poitras
Alphonse de Lamartine Audet
Ted Hugues Corriveau
Danielle Roger Des Roches
Victor pont de Lévis Priscilla Beaulieu Presley
Jehane Benoît Jutras
Mélodie Nelson Mandela
Walter Benjamin Moore
Samuel Archibald Haddock
Maurice Richard Brautigan
Carole David Beckam
Jeanette Bertrand Laverdure
George Michael Delisle
Madame Claude Beausoleil
Monique Emile Proulx-Cloutier
Mellissa Gilbert La Rocque
Jean Barbe rousse ou bleue
Gabrielle Roy Dupuis
Edouard Louis Bond
Rivière Saint-François Rioux
Annie Hall Lafleur
Benoit André Melançon
Stéphane Dom Pérignon
Michaëlle Jean-Paul Daoust
Frère André Roy
Le petit Nicolas Dickner
André Arthur Schopenhauer
Robert Pierre Lalonde
Le soldat Louis Hamelin
Nelly Paul Arcand
Maxime-Olivier Centre Le Moutier
Nicole Brossard de Brossard
Pierre Véronique Samson
René Larocque et Lapierre
Patrick Sébastien Dulude
Dominique Robert Pattinson
D.Kimm Kardashian
Claude François Charron

(je remercie Denis Gamache, Kateri Lemmens, Jacques Desrosiers, Martine Audet, Danielle Roger et Jean-Simon Desrochers, à qui j'ai emprunté certaines de leurs trouvailles)


lundi 15 juin 2015

Ma journée d'hier a consisté à mesurer l'écart esthétique entre une vidéo du groupe suédois Ghost et l'oeuvre complète de Michel Butor

Je tâte l'oeuvre complète de Butor
muraille de Chine, liséré des grandes eaux
paradant en blancheur percutante
sur la tablette

Elle s'offre à moi
irisée de questionnements actifs
improvisatrice, excessive en quantité
lourde de toutes ces heures consacrées
à la littérature de recherche
mobiles et modifications
illustrations et degrés

Mon respect est affectif, chuchoteur, tente
de sortir du Méséglise de ses croyances
sans toucher à la porte du culte

J'aimerais courber la tête, appeler les vents
transiter par des chambres closes
pour élever au rang de stèle
ce Stonehenge livresque

À mon retour
je visionne un clip
du groupe suédois Ghost
métal new wave, pof dandy
c'est John Waters qui chante
devant ses musiciens Robin
son crew
les mignons de Sade
dans une prison inventée par Abba
j'ai vu le chanteur avec maquillage tête de mort
et sans maquillage

toque des papes
et headphones blancs

mardi 9 juin 2015

La réalité malade tient-elle dans la main de ceux qui y croient ?

La vastitude est une maladie
tout comme la réalité
note Daniel Canty dans son journal/jeje
éditeur/commentateur des Impatients
écrivain de la déconnexion du jour sombre
notre Daniel à procédures inquiètes
avec papillons voyageurs
bref
il y croit

je pense y croire moi aussi
ourlé dans ma propre vitrine

y croire que la réalité a aussi une maladie

est-ce que je la tiens dans ma main
cette réalité
ce tronçon de cube ou cette force confondante
ou tout autre chose qui donne
à boire gratuitement dans les coquetels
immersifs


je tiens tout de même quelque chose
dans ma main
et c'est déjà un début

(en hommage a l'ouvrage littéraire collectif des Impatients, sous forme de journal papier qui tache les doigts, dirigé par Daniel Canty et qui a pour titre La maladie de la réalité) http://impatients.ca/nos-activites/la-maladie-de-la-realite-exposee/

samedi 6 juin 2015

Cette sensation de résultat décevant, l'oscillation entre le «voilà c'est bien» et le «merde c'est mauvais dans le fond»

Se relire est le problème.
La farce majeure, l'octave de trop, la déchirure par le bas.
Condition/texte, pointage rétro, avalage de bulles
c'est la toundra dans la tête.
Dès qu'on a déposé le colis avec nos doigts chargés
on récolte le génie qui penche, la candeur faite relique.
On aime à s'en décarcasser, brûlant à la Musset sur
un porche de Sand.
Ah que la vivacité y est, la touche s'y démarque
le ton et l'habit découpent nos atours dépris
en ciboire de vacances !
Mais deux jours suffisent.
Deux jours détruisent vite la cohue du beau.
On y retourne, lésé, avec le projet de livre
sous le bras, raisin de corinthe plutôt qu'esprit de vin.
Ce sont les autres qui nous tuent, on se dit
ce sont les autres les fers et les prisons
on se prend pour d'Agrippa sur le champ de bataille
on remarque les cadavres partout
le tirant d'eau immense et la petite largeur du canal
on érafle nos crânes de portes cassées
et c'est la merde
le vent noir qui commence
pas bon, déjà vu, reflet mou, elle aimera pas ça
il lira mal, il verra pas, on va y voir que le convenu
ya pas de nouveau, juste du lu ou du pas digéré
à plus ou moins longue échéance
c'est le fond du frais qui gagne
les abysses du non
et les raideurs du mauvais

on écrit avec le résultat qui pend

qui détient le monopole du cancer
sinon l'intention
c'est à côté que le tout prend son cran
qu'on habille le marmot
avec un peu plus de jsaispasquoi
qu'on dissolve nos jus
dans les paroles atones
celles qui écrasent nos mouches
asticots trop tôt volés/livres joystick
sur la parure de nos attentes
en fait rien n'oscille vraiment
tout bascule
et on tombe dedans
avec cynisme
ou
sans