vendredi 22 mai 2015

Attendre trois ans pour publier des poèmes surréalistes sensibles aux images d'animaux me paraît un anachronisme curieux dans notre monde actuel

La poésie surréaliste
avec des figures d'animaux
me semble aussi vieille et puante
qu'un cadavre momifié
et remomifié avec soin.

Éluard a fait trop d'enfants.

J'aime l'humanisme
sous-jacent dans ces textes
mais si je ne considère
que cet élément
je cesse d'être critique.

Le beau n'a rien à voir
avec l'habituel.

Je fous au poubelle
tout mon vieux stock surréaliste doucereux
et je ne garde
que ma péosie spéculative
qui plonge dans les malaises
de notre civilisation.

La communauté des arbres à paroles
est devenue une religion
de la nouvelle sanité mentale.

Il faut maintenant déglutir
des masses de proses compactes
ou parler de nos manques.

Ça me parait réducteur.

Je préfère me couper
d'une poignée de lecteurs orthodoxes
à la bouche de Bonnefoy
que d'espérer dans notre micro-monde
de balises acceptables
pour perpétuer
des métaphysiques cendreuses
qui font du bien à nos glandes
gothiques.


1 commentaire:

  1. Regardez le poète. Les cheveux aux vents, il regarde la mer et les ti-zoiseaux et un poisson qui saute et un pêcheur qui lui envoie la main. Il est heureux. Il existe. Lui seul existe. Lui seul. Un magicien qui sort de son chapeau des vers pleins de beauté, des vers pleins de mémoire poétique, des vers qui, à eux seuls, à eux seuls seulement seuls recèlent la part cachée du monde comme d'autres sortent des couleuvres de leurs culs. Ah! Qu'il est beau notre poète! Il ne se pose aucune question. Défenseur, sentinelle, berger, dépositaire d'un savoir perdu, de la beauté de l'amour et de la vie. Ça sonne. Mon dîner surgelé est prêt. Je m'assois à la table, fourchette et couteau en main. Je ne le mangerai pas. Je le laisserai refroidir comme un cadavre.


    Un homme démembré est retrouvé sur une plage. Sable fin. Des oiseaux, Du vent. Un pêcheur qui envoie la main aux forces de l'ordre.
    Un bras. Un bras, sans main. Une main, un peu plus loin. Manque un bras.
    Une jambe. Une autre jambe. Son sexe a été coupé. On le lui a mis dans la bouche.
    Quel est le motif derrière ce crime sordide ?
    «C'est un poète» dit un homme.
    Selon un témoin, un chien aurait «volé» un bras.
    Selon un autre, ce serait un renard. On l'aurait aperçu à la lisière des bois. Il passe chaque jour au même moment, au même endroit. On dirait un automate. Il est maigre et a le regard fou, le poil hérissé. Il a faim, on entend son ventre creux et sa famine dans le vent.

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