Je tâte l'oeuvre complète de Butor
muraille de Chine, liséré des grandes eaux
paradant en blancheur percutante
sur la tablette
Elle s'offre à moi
irisée de questionnements actifs
improvisatrice, excessive en quantité
lourde de toutes ces heures consacrées
à la littérature de recherche
mobiles et modifications
illustrations et degrés
Mon respect est affectif, chuchoteur, tente
de sortir du Méséglise de ses croyances
sans toucher à la porte du culte
J'aimerais courber la tête, appeler les vents
transiter par des chambres closes
pour élever au rang de stèle
ce Stonehenge livresque
À mon retour
je visionne un clip
du groupe suédois Ghost
métal new wave, pof dandy
c'est John Waters qui chante
devant ses musiciens Robin
son crew
les mignons de Sade
dans une prison inventée par Abba
j'ai vu le chanteur avec maquillage tête de mort
et sans maquillage
toque des papes
et headphones blancs
j'ai un ami poète qui fait du bide
RépondreSupprimerclass of 92 des inconnus de l'UQAM
bide et barbe réunis sans le savoir
Michel Butor portait un jumpsuit
éternel
mais c'est pas mal tout ce dont je me rappelle
j'ai tout oublié ce que l'université m'a appris
tout sauf le jumpsuit de Butor
les cheveux de Derrida
les yeux d'une fille dont j'ai oublié le nom
ce ne sont peut-être pas les siens
ces yeux.
mais je mens
assurément
comme toujours
il y a eu des rencontres mémorables
Jean-François C
Louis-Luc B
Éric de L
mais il y a aussi eu des moments troubles
comme ce jour
je m'en rappelle encore
je ne pourrai l'oublier
ce jour
ce jour où
égaré dans la librairie
j'ai feuilleté un livre de Christian Bobin
chaque matin que je m'éveille
avec la résolution de ne plus boire
je songe à Bobin
et je me ravise
j'aurai toujours cette soif
éternelle
la vie
est déjà assez fucking poétique comme ça
faut pas en rajouter