Je lis après tout le monde Carson McCullers
après tout le monde
il y a toujours autant de livres qu'il en reste
chaque page de son «Horloge sans aiguilles»
est un assaisonnement parfait
un équilibre de clarté, une bouche ouverte gourmande
vinaigre sucré sur riz collant
je suis témoin d'une autre épiphanie
une pesée de lourdeur
pour une nouvelle amie écrivain
passionnante curieuse sourde et muette
en amour mélancolique du monde
rivé par la mort
à des frustrations défaites
et puis de toute manière
nous sommes tous après tout le monde
débarrassés de notre avant
en chapardeur d'un petit panier
qui nous importe seul
Ce que je n'ai pas lu
RépondreSupprimerj'en ai croisé un
que j'ai ignoré
il m'attendait au coin d'une rue
vitré
l'accent aigu de son titre m'a agressé
la photo de l'auteur peut-être ?
et cet autre?
et celui-ci ?
je connais un homme propriétaire
d'un immeuble de 48 portes
acheté 800 000$ en 1980
il avait alors 600 000$ d'hypothèque
celui-ci je ne l'ai qu'entrevu
rideaux entrouverts
j'ai soulevé la couette
au suivant
les pages accumulées
de cet auteur me font fuir
j'ai rencontré des géants que j'ai ignorés
j'ai admiré des petits
oubliés
aux voix trop faibles pour faire partie
des grands
mais qui ont nourri
la mienne
moi
la mienne voix
35 ans plus tard l'homme a la même hypothèque
toutes les fois qu'il a eu des sous
il a entretenu
son immeuble
il a toujours hypothéqué
de gros travaux
combien vaut l'immeuble aujourd'hui?
4 800 000 $
j'ai boudé Proust et Hugo
je suis un homme sans culture
qui joue au PlayStation
mon compte de banque est vide
j'ai une conscience aiguë
des livres que je n'ai pas lus